TOC A LA NYMPHE, STRATÉGIE EN EAU PIQUÉE
En 2022 avec cette sécheresse terrible pour beaucoup de nos rivières, j’ai été obligé de changer complétement mes habitudes pour pouvoir continuer à pratiquer ma passion tout en préservant mes partenaires de jeu, c’est ainsi que j’ai pêché tout l’été sur les rivières alpines les plus proches de chez moi, à savoir l’Isère et le Drac et croyez moi que le pari n’était pas gagné d’avance. En effet ces rivières puissantes et larges ont la particularité d’être presque tout le temps grises, ceci étant du à les marnages des barrages, la fonte des glaciers, les orages de montagne et j’en passe, avec le recul, je me dis qu’il faut être un peu fou pour aller promener ses « bouboules » dans une telle immensité d’eau, mais c’est le genre de challenge qui me passionne.
La première difficulté sur ce type de parcours est de se convaincre que malgré la turbidité de l’eau, nos truites sont tout à fait capables de repérer une petite proie et de s’en saisir, j’ai l’immense avantage de pratiquer ce type de rivières depuis très longtemps au toc, aux leurres ou à la mouche sèche et je peux vous garantir que les truites sont parfaitement adaptées à cet environnement et mangent malgré la couleur de l’eau, vous savez à la pêche si on y croit, on a déjà fait un bon bout de chemin !
La deuxième difficulté dans ce type de rivière est de trouver le bon montage, pour vous donner un ordre d’idée, l’Isère est parfaite à pêcher entre 80 et 100 mètres cube/seconde, de plus elle n’est pas particulièrement profonde, vous imaginez un peu le débit, bien sur j’ai commencé avec le stop float en taille 5, mais ce n’était pas adapté car cette grosse taille offrait trop de prise au courant, à force de chercher, j’ai trouvé ce qui me semble le bon montage, un petit stop float en taille 2, une olivette en 0.5g et 2 bas de ligne sur le même micro émerillon de deux tailles différentes, sur le bas de ligne court la rouge en taille 12 pour stabiliser le montage et sur le bas de ligne long la rose en taille 14 pour donner de la vie, ce fut une révélation avec un nombre de prises assez phénoménal mais curieusement sans gros poissons.
La troisième chose qu’il fallut changer dans mes habitudes pour réussir dans cet univers fut la tenue de ligne, en effet dans un tel volume d’eau, il faut oublier les lancers lointains et les grandes dérives sous peine de dragage immédiat, à contrario, il faut lancer près, soustraire le corps de ligne de l’eau et quasiment porter son montage comme on le ferait au toc lourd et ceci afin de ralentir la dérive au maximum, avec ce type de montage, les touches sont d’une violence incroyable, croyez moi quand la bouboule s’enfonce, on ne demande plus si c’est un caillou ou bien une touche !
Ce reportage sur cette situation inédite mais très excitante à vivre n’est pas innocent car je me dis que si nous avons un printemps enfin pluvieux avec des eaux chargées, nous pourrions passer de très bons moments au bord de l’eau avec cette stratégie de pêche en eau sale.
A très bientôt pour parler toc à la nymphe !